FAITS  DIVERS  A  VAAS  EN  1726

OU  LE  DRAME  DE  PORT  DENET

 

 

Hormis la date, ce titre pourrait être celui de la manchette d’un quotidien local. Mais déjà sans ce moyen moderne « l’information » passait assez rapidement, tout au moins localement…à la vitesse des sabots !

 Pour venir jusqu’à nous, ce fut les actes paroissiaux qui nous permirent d’en connaître l’existence et ainsi près de trois siècles plus tard avec quelques recherches, d’en connaître l’essentiel des faits !

            Julien Bourdilleau (né à Lavernat) s’était marié avec Michelle Legeay le 26 septembre 1701 en leur paroisse de Lavernat. Ils devinrent les métayers de la ferme de la Foucherie sur le territoire paroisse de Vaas et ils eurent neuf enfants. Cette ferme (toujours existante) qu’ils exploitaient, est aux abords du Loir sur le chemin en direction de la Chapelle aux Choux et du Lude.

 

 

           

 

Ces représentations ci-dessus sont extraites du cadastre de 1813 (A.D 72 Pc/371/012 F1 du Port Denet). Sur la représentation de gauche, outre la colorisation en bleu du Loir, la croix commémorative a été représentée face au chemin venant des Halles.

 

 

 

           

            Ci-dessus, de Jean Bourdillau, le dessin ‘’Le drame de Port Denet’’ et ci-dessous le texte interprétation des faits par l’auteur :

 

« Ce lundi 12 Aout 1726, comme habituellement à cette saison, Julien avait fauché son pré sur la rive droite du Loir. Il lui restait à ramener son foin à la Foucherie à quelques centaines de mètres de là. La ferme est située sur la rive gauche, en direction des Halles.

Le niveau du Loir au gué de Port Denet était déjà haut lors du voyage aller, cela était probablement dû aux pluies abondantes des jours passés. Le chargement du chariot de foin dans la prairie avait été long et il fallait maintenant se hâter pour retraverser le gué, car le niveau de l’eau avait encore monté. Choisir un autre chemin passant par Vaas aurait été trop long et cela dans l’ignorance de la hauteur de l’eau entre Vaas et Les Halles !

A 49 ans, Julien était encore vaillant et du travail à son retour l’attendait encore à la Ferme. Connaissant bien le gué de Port Denet, par habitude, il ‘’devait’’ rester dans le passage à chariots car de part et d’autre, le creux de la rivière était important !

Ainsi au pas de ses bœufs, il s’était engagé dans le gué, mais arrivé au milieu de la rivière, Julien fut surpris par la violence du courant et par la hauteur de l’eau. Bientôt la dérive de son attelage l’entraina avec ses bœufs, dans le fort courant et vers les creux profonds du Loir qui lui seront fatals ».

 

L’on ne retrouva son corps que deux jours plus tard le 14 août 1726.

La disparition de ce paysan notablement connu, travailleur et père d’une famille importante, fut source d’une grande émotion.

 

 

           

 

Extrait de l’acte de sépulture AD 1Mi 1030 R3 90/231

 

         « Le 14 aout 1726, le corps de Julien Bourdillau métayer de la Foucherie âgé de 49 ans a été inhumé dans le grand cimetière par nous soussigné en présence de ses parents. Il fut emporté le 12, par ses bœufs en charriant du foin au milieu de la rivière, au Port Denet et il y fut noyé. Il a été retrouvé qu’aujourd’hui »

           

Sans aborder les questions financières dirait-on aujourd’hui, l’entente familiale et l’entraide qui n’étaient pas un vain mot, permirent à cette famille de continuer leur vie de dur labeur et de courage, sans que dans les textes tout au moins, n’apparaisse une apparente rupture.

 

    Deux mois après la disparition de son père, Catherine, l’aînée se mariera le 29 octobre 1726 avec Urbain Deguaille en l’église de Vaas.

 

Trois autres enfants eurent une descendance : Françoise après son mariage avec Jacques Lesiffin en 1736. Jean avec Jeanne Chalubert après son mariage en 1750, Magdeleine avec Louis Baugé après son mariage en 1751.

 

 

 

NB. En jaune, le couple Jean Bourdilleau et Jeanne Chalubert assureront la continuité du patronyme.

 

 

       Reprenant les plans cadastraux de 1813 aux Archives Départementales de la Sarthe, nous découvrons que le lieu-dit face au chemin venant des Halles, hameau de Vaas, s’appelait La Croix. Il s’agissait des parcelles des numéros 312 à 322 de l’époque ! Aujourd’hui les lieux ont quelque peu changé, cette voie de desserte locale, devenue goudronnée est maintenant plus directe, évitant l’incursion dans les maisons de Port Denet…en passant sur le lieu même de la Croix des Bourdillaux !

 

1881 Plus d’un siècle et demi après le drame à Port Denet, un extrait du registre paroissial de Vaas permet de nous faire savoir que l’évènement était toujours fort ancré dans la mémoire locale.

 

 

Document remis par l’Abbé Germon à M. Mme Poussin de Vaas

 

            Il s’agit de la bénédiction d’une (nouvelle) Croix à Port Denet par Pierre Lerreau curé de la paroisse de Vaas, autorisé par Monseigneur l’Evêque du Mans. « Cette croix sur le chemin de Port Denet a été placée par la famille Bourdilleau, le 28 Avril 1881 ».

  

 

            En 2004 soit 278 ans après ce fait d’histoire, en compagnie de nos amis Roger et Colette Chauvigné propriétaires de la Foucherie, nous avons parcouru les bords du Loir en cet endroit, où se trouve aujourd’hui le pont de pierre imposant datant de la construction du Chemin de fer.

            La profondeur de la rivière est variable en quelques dizaines de mètres de cours de la rivière. Mais suivant les caprices de la météo, le niveau peut monter de façon importante, jusqu’à déborder hors saison d’hiver… Alors le 12 août 1726 ?

            Mais de gué point ! L’explication probable est que depuis cette époque, le Loir est devenu navigable par l’intervention de l’homme afin de faciliter les différents transports dont dans une époque relativement récente, les ardoises de la région d’Angers.

 

           

     

 

Marqué d’une flèche rouge sur l’extrait du cadastre de 1813 (en haut de page) : aujourd’hui à La Foucherie,

 ci-dessus (à gauche), cette porte de l’époque (hormis le linteau) conserve même ces graffitis gravés dans le tuffeau (photo de droite).

 

 

                                                                                              Vaas décembre 2008

Complément Juillet 2013

                                                                                                                                                                                           Complément Juillet 2014


 

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