JOSEPH  MONTRIOU

Enquête autour d’un graffiti… du XVIIIe

 

 

Lorsque nous réalisâmes sur ce site la page de l’Eglise de St Germain d’arcé (72), nous dûmes détailler le pourtour de l’église et effectuer un nombre important de photos extérieures propres à nos recherches d’alors. Mais au nombre de diverses marques et graffitis qui jalonnent les murs, le libellé de ‘’Joseph Montriou’’, mainte fois répété retint notre attention et nous appela à en savoir plus sur l’auteur.

Quel pouvait bien être ce personnage qui affichait ainsi son nom (sans faute) en divers endroits du monument. Pour ces graffitis lisibles de tous ceux qui en avaient la faculté, l’auteur accompagnait son patronyme de l’année de son ‘’forfait’’*, cela en l’époque troublée de la fin du XVIIIe siècle, ces dates vont en effet de 1790 à 1800 !

*Nota : Bien que parfois plein d’enseignement pour l’histoire, nous ne cautionnons pas ce genre de graffiti, toutes époques confondues.

 

                                       

 




Joseph 1790 Montriou                          Joseph Montriou – Fronton Porte Nord (La Mairie en 1791)                           Joseph Montriou 1800

3 photos collection de l’auteur.

 

 

Cette enquête nous entraina cette fois vers les différents registres de la fin du XVIIIe siècle à ceux du début du XIXe.

Le personnage objet de cette recherche s’appelait bien Joseph Montriou dans les registres. Il avait alors 22 ans lorsqu’il marqua de son poinçon la première pierre de l’église de St germain. Nous apprîmes bientôt que Joseph était couvreur de son état et que son savoir faire professionnel s’était appliqué au célèbre monument de son village : Village de Saint Germain d’arcé où il était né le 29 Aout 1769.

Ses graffitis étaient-ils alors un message revendicatif et politique. Les années de cette fin du 18e siècle dont nous connaissons tous les aboutissements dans nos manuels de l’histoire de France, avaient-elles été aussi troublées dans nos villages isolés entre Château du Loir et la Flèche ?

Nous allons apprendre, à la lecture de la page de ce site concernant « Le nouveau régime en Sarthe » que, tout d’abord les événements politiques de la capitale arrivant avec (beaucoup) de retard, paraissaient fort peu affecter la population campagnarde. Ainsi pour exemple, n’entendions-nous pas encore nos ancêtres jurer encore fidélité au Roi lors de la grande messe du…14 juillet 1790 en l’église de Saint Germain d’Arcé !

Un point sans doute important pour l’histoire de ce personnage : N’avait-il pas vécu sa jeunesse aux côtés de ses parents, frère et sœurs à la Ferme de Mr Louis François Le Vacher de la Chaise, seigneur de St Germain où son père Urbain Montriou, 2e du nom sur l’arbre ci-dessous, époux de Urbaine (le) Mercier, était le fermier.


 




Version (simplifiée) de l’arbre des Montriou de 1699 à 1821. Image de l’auteur.

 

 

Baptême de Joseph Montriou Acte BMS Cote 1 Mi 957 Vue 84 AD.72 :

 « Le vingt neuf aout mil sept cent soixante et neuf est né et a été baptizé Joseph fils de Urbain Montriou fermier de la Chaize et de Urbaine Mercier ses père et mère. Ont été parain Joseph Ménager garçon et maraine Louise Vives Epouse de Jean Mercier tante de l’enfant, tous de cette paroisse, qui ont déclarés ne savoir signer fort le père ». 

Seconde signature le Curé Jean Fautras.

Sépulture d’Urbain Montriou Acte BMS Cote 1 Mi 957 Vue 112 AD.72 :

« Le quinze décembre mil sept cent soixante et treize, Urbain Montriou fermier de la Chaize, décédé du treize, âgé de quarante un an a été inhumé dans le cimetière de ce lieu par nous soussigné. En présence de son père, Urbain Picault  closier, de Michel Mercier Tisserant, ses beau frères qui ne signent ».   Jean Fautras Curé

Le Mariage de Joseph Montriou  Registre réf. Vaas 1799-1800 Vue 107 AD 72 :

De l’An VII et de l’An VIII, les mariages sont officialisés à Vaas.

Le 30 frimaire de l’An 7 (20 décembre 1798) à 10 heures du matin dans la salle publique de Vaas, Jean Pottier agent en charge des mariages du Canton, recevait le futur marié Joseph Montriou de St Germain d’arcé, garçon de 30 ans, fils d’Urbaine Mercier (présente) et de Urbain Montriou (décédé), et la future Mariée Marie Bourdin 16 ans fille de Joseph Bourdin couvreur de St Germain d’arcé et de Perrine Houdin.  Etaient présents dans l’assemblée : Marie Montriou sœur du futur, les parents de la future, François Cureau et Charles Neveu amis du futur, Joseph et Jean Bourdin frères de la future, Michel Foulard beau-frère de la future… L’énoncé rappelle que le marié Joseph Montriou est né le 29 Aout 1769 et la mariée Marie Bourdin le 21 mars 1783.

Remarquons le fait que hormis l’agent public Jean Pottier, nul ne signa l’acte, y compris Joseph Montriou !...

Tous couvreurs ! 

Joseph Montriou était entré jeune ouvrier dans l’entreprise de couverture de Joseph Bourdin dont le père (joseph lui aussi) exerçait déjà la profession.

Les deux fils du couple Joseph Bourdin et Perrine Houdin : Joseph et Jean, de la génération de Joseph Montriou, exerçaient également comme couvreurs. 

Le 20 décembre 1798, Joseph Montriou épousait Marie Bourdin 16 ans, la fille de son patron. Cette entreprise familiale comptait maintenant, à cette date avec Joseph, trois couvreurs, puis les deux fils du couple Joseph Montriou et Marie Bourdin seront également couvreurs dans l’Entreprise familiale.

Considérant pour la bonne marche que des apprentis et manœuvres devaient indispensablement suppléer aux dures taches de la profession, faisant ainsi que cette entreprise était de taille importante pour le secteur. L’entreprise exerçait son activité sur les églises, chapelles, châteaux et manoirs, dans le domaine de la construction et de la restauration des toitures d’ardoise.

 

Branche simplifiée des Bourdin – Image de l’auteur

1790-1791.

Aux premières dates gravées dans la pierre par Joseph Montriou, les grands bouleversements dans la vie sociale et administrative ont débuté. Il n’y aura nul besoin comme dans la capitale et les grandes villes de tous les excès. Néanmoins à Saint Germain comme dans la majorité des villages, le désir de changement est latent.

Comme nous l’avons dit, Joseph Montriou-Bourdin comme ses frères et sœurs naquirent à la ferme de La Chaise où son père était le fermier de Monsieur Louis François le Vacher de la Chaise. Avait-il, avec sa famille, des griefs contre le seigneur de St Germain ? Lorsque son père Urbain Montriou décède, Joséphine avait 10 mois et demi et Joseph avait 4 ans et 4 mois !

Dans les textes, Louis François Le Vacher de la Chaise semble avoir conservé la considération des habitants, réussissant à être élu au poste de secrétaire de l’Assemblée communale le 14 novembre 1790. Quoiqu’il en soit, le changement est en route et des hommes nouveaux vont apparaître.

 

Dans les parentés des personnes citées plus haut dès 1790 :

Joseph Bourdin sera nommé 2e scrutateur et sera maire

Pierre Verneil élu 5e des 12 notables (mariage J.Bourdin-Verneil)

Louis Portier (Fortier) cadet, 12e notable (mariage N.Montriou-Portier (Fortier)

Joseph Cureau 1er Maire, Parrain de Joséphine 1773 & mariage J.Montriou-Cureau

Pour mémoire :

Louis François Le Vacher était né le 7 juillet 1724. Seigneur de la Chaise.

Il sera convoqué à l’Assemblée de Touraine pour les députés aux Etats généraux 1789

Il décèdera le 13 février 1803, dans l’église de St Germain à 79 ans.

 

EXTRAIT GENEALOGIQUE DES BOURDILLAUX

Présente sur l’arbre des Montriou au début de ce texte (voir encadré) : Marie Louise BOURDILLEAU est issue de la branche N°10 dite du Moulin de Champeau (St Germain)

Elle était la fille de Pierre Bourdilleau 1782-1852 Meunier et Catherine Brault son épouse

Marie Louise est née le 1er Février 1821 à Chenu et mariée à Noel MONTRIOU le 22 Novembre 1842 à St Germain :

 

                     « Devant Jean Bourdin Maire, le 22 novembre 1842, sont comparus le Sieur Noël Montriou garçon majeur, cultivateur demeurant à La Tuffière le 14 septembre 1818 de Noel Montriou propriétaire et cultivateur de La Tuffière et de Marthe Portier (ou Fortier) Décédée à Saint Germain le 6 juin 1829 …. et Mademoiselle Marie Louise Bourdilleau, fille majeure, cultivatrice au Moulin de Champeau ».

Présents : François Lesueur cabaretier 44 ans, René Porteboeuf Sacristain (?) 60 ans, Marin Beulay Maréchal 54 ans, Michel Lebleu Cordonnier 43 ans, tous les quatre du Bourg !

Marie Louise Bourdilleau est décédée le 18 Novembre 1889 à Chenu à 68 ans. Elle avait donné naissance à 1 enfant.

 

Nota : Noel Montriou et Joseph Montriou étaient jumeaux. Acte 265/370 A.D.72 1793-1832. Présents Mathieu Menant cousin de l’enfant, Cabaretier.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                   Cette page a été réalisée pour la fin de l’année 2014

Page à associer à celle du Nouveau régime en Sarthe - 1ère partie

                                                                                                                                                                 

Page modifiée en Mars 2021  

                            
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