17 JUILLET 1940 : LA LETTRE OUBLIEE

 

& EXTRAITS du « CARNET DE GUERRE de ROB ROY »

 

 

Une enveloppe de petit format, portant le cachet de la poste : 17 juillet 1940, Courville  sur Eure. A l’intérieur une lettre en date de la veille 16 juillet, écrite par Madame Houvet Henri du hameau de Villeneuve commune de Fruncé, à 25 km de sa destinataire à Jouy. Ces localités sont situées dans le département de l’Eure et Loir.

            Cette lettre souvenir sera conservée 68 ans par sa destinataire, jusqu’à son décès en avril 2005. Cette lettre est à considérer en son état, son époque, et dans le désarroi de la débâcle…

                                  

                         

 

 

Enfants de la sortie de guerre, nous avons beaucoup entendu parler nos parents de cette époque et nous avons retenu les lignes maîtresses suivantes pour poursuivre cette histoire :

Soldats dans le régiment du Train Hippomobile N°4 Compagnie 106, Henri Houvet et Georges Bourdiliau avaient effectivement été faits prisonniers dans l’avancée des troupes allemandes aux abords du village de Fruges département du Nord, le 24 Mai 1940.

 

Ils avaient embarqué avec leurs 200 chevaux, voyageant jour et nuit dans des wagons à bestiaux, dans des conditions que nous imaginons, en passant par le Luxembourg, l'Allemagne, l'Autriche.


   

Illustrations issues du carnet de Rob Roy

 


 Les deux camarades se retrouvèrent ensemble en Autriche après nombre de « séjours » dont l’usine de fabrication de Steyr dépendante de Mauthausen, puis au Stalag XVII B à Krems près de Vienne. Les frères Royneau transporteurs à Chartres quant à eux, ont rejoint un Oflag, ils étaient officiers.

Pour les conditions de vie de ces prisonniers de guerre, il suffit de parcourir pour cela les sites Internet à l’adresse du Stalag 17 B !

 

         

 

                                        Photo des archives 1940-1942 d’une habitante de Krems                                                            Photo extraite du site de Madame Mireille Jacob,

                                                                      Site de l’usfc-krems.com                                                                                                                                     Avec son aimable autorisation

                                              

 

Description du Stalag XVII B

Avec l’aimable autorisation de Madame Manon Duvigneau

Articles de Monsieur Jean Louis Moret-Bailly

 

           

 

                                    Georges Bourdiliau et Henri Houvet, du fait de leur activité professionnelle dans la vie civile, furent affectés dans les « Bauernkommandos »                                                                                où ils furent employés dans les fermes, et auront une existence meilleure que dans l’enceinte du camp.


           



Ci-contre une photo "Geproft Stalag XVII B  de Georges Bourdiliau. Document propriété de l’auteur


Après trois ans de captivité, Georges Bourdiliau parviendra à rentrer en France le 4 aout 1943, par le régime des transformés civils*, au titre de la relève et devra se cacher pour le reste de la guerre !

"A l'occasion d'une unique permission de 17 jours, il devait retourner en Allemagne le 17 aout !..."
    
    Quelques lignes écrites par Suzanne Bourdiliau son épouse :
   
«Avec la complicité de Monsieur Aimé Allouis secrétaire de Mairie et grand résistant, nous obtînmes de faux papiers au nom de Monsieur Neveu (personne décédée à Jouy)... Pour une carte de travail, je dû aller en velo chez un mécanicien à Frenay L'Evêque pour une signature sur la (fausse) carte de travail. Distance 80 kms aller et retour !
    Papiers en main, nous sommes partis dès le 14 aout vers une destination sûre, chez Marc et denise Lucas en Charente maritime, amis connus par les hazards de la guerre : Soit par le train jusqu'à Royan puis par un camion jusqu'à Corme Royal près de Saintes (Soit... 3 jours).
    Les risques et les péripéties furent nombreux jusqu'à la libération !
 

*Ce vocable signifiait en 1943 : Qu'à la requète des allemands, pour trois ouvriers partant travailler en Allemagne, un prisonnier de guerre serait libéré... sous conditions !



Ci-dessou, la Circulaire du Stalag XVII b, issue de la collection Rob Roy

EXTRAIT du Certificat tenant lieu de Livret individuel en temps de guerre  


        Le Lieutenant-Colonel, Commandant le Bureau Central de recrutement certifie que :
        Georges BOURDILIAU né le 18 novembre 1905 à Jouy Eure et Loir. Soldat de 2e classe en 1925, du recrutement de Dreux Eure et Loir. Inscrit au registre matricule sous le numéro 1049.
        Incorporé le 14 novembre 1925. Arrivé au Corps le 16 novembre 1925. Soldat de 2ème Classe. Nommé 1ère classe le 10 novembre 1926. Envoyé dans ses foyers le 28 mars 1927. Certificat de bonne conduite accordé.
       Rappelé à l'activité le 2 septembre 1939. Arrivé au Corps le 6 septembre 1939 (Dépôt du train Hippo. N°4 Compagnie 106.
           Fait prisonnier le 24 mai 1940 à Fruges.
           Interné au Stalag WVII B.
         Libéré par compiègne le 4 aout 1943 et démobilisé à compter du dit jour.

          DOM le 10 septembre 1953.


 


Après la libération, Georges et son épouse Suzanne essayeront de reprendre contact avec la famille Houvet, mais n’y parvinrent pas pour une raison qui nous est inconnue. Mais un contact heureux sera rétabli avec leur petite fille 68 ans plus tard, à lire en seconde partie de cette page !

 

 


         Autre proche camarade de captivité, Jean LEMATTRE fut celui qui encouragea  chaleureusement Georges lors du grand choix de son rapatriement de 1943. Cet heureux conseil sera longtemps dans les conversations de l'après-guerre: «Prends ce convoi Georges, c'est le premier mais ce sera sans doute le dernier !» 

        Cette prédiction s'avéra exacte, la liberté fut la plus forte pour l'immense majorité d'entre-eux, malgré les risques des intéressés pour eux-mêmes et pour leurs familles en cas de non retour.

       Jean LEMATTRE demeura prisonnier comme Henri HOUVET pendant le reste de la guerre, soit un total de cinq ans. Mais le contact des familles avec les prisonniers toujours au Stalag et les colis familiaux adjoints à ceux de la Croix Rouge furent très importants !

       Après la libération, Jean LEMATTRE et son épouse Marie seront associés aux fêtes familiales. Jean deviendra le parrain de l'ainé de la famille. Nous le voyons ainsi sur cette photo ci-contre, prise en 1957 à l'occasion  de la Première communion.
                  

 


La réalité de l’après guerre allait faire son chemin, Georges Bourdiliau déjà débouté comme «victime d’importants pillages en 1940 » avait été  débouté également de ses demandes pour «la reconnaissance de la carte combattant de guerre ! ».

 

 

 

Et le 7 avril 1982 encore :   « Votre requête qui n’apporte aucun autre élément nouveau de nature à modifier l’examen de votre situation... est irrecevable ! »

Il s’agissait pour la famille d’une dernière tentative ... Georges Bourdiliau décédait le 16 juin 1982 !

 

 

LA LETTRE OUBLIEE

  Suite 68 ans plus tard

 

En décembre 2008, nous avions fait parvenir le double de la lettre à la Mairie de Fruncé, à l’attention des éventuels descendants…

Le 15 Mars 2009, La lettre parvenait effectivement entre les mains de la petite fille de M. Mme Houvet !

Madame Mireille S. de Mainvilliers Eure et Loir, par une fort aimable lettre, nous faisait ainsi écho.

Extraits de ces lignes: « C’est avec une certaine émotion que j’ai découvert…/ …Pour la mémoire de notre histoire dans l’histoire…/…Pour cette démarche et cette attention toute particulière, je vous suis très reconnaissante ».

Une seconde lettre de Mme Mireille S. le 24 du même mois, allait apporter grandement les renseignements sur les zones d’ombre des années qui suivirent la séparation des deux prisonniers de guerres en Autriche, au début d’Aout 1943 !

 

·         Henri Houvet était demeuré prisonnier cinq longues années.

·         A son retour, Henri et son épouse Yvonne, avaient repris leur activité de cultivateurs.

·         Homme actif, Henri participa à la vie sociale, civique et associative de la commune

·         Conseiller municipal, il deviendra Adjoint au Maire

      & Commandant de la Compagnie de Sapeurs Pompiers

·         Privilégiant toujours l’intérêt public et veillant sur les siens

·         Yvonne et Henri qui avaient une fille née en 1930, eurent quatre petits enfants.

·         Henri décéda de maladie le 26 juillet 1970, à l’âge de 65 ans

·         Yvonne décéda à l’âge de 70 ans, en 1977

·         L’exploitation agricole est tenue par la descendance


 

Robert de la Rivière

EXPOSITION & OUVRAGE de Robert de la Rivière

« CARNET  DE  GUERRE  DE  ROB  ROY »

 Dédicace de l'auteur

 

Annoncée par voie de Presse et d’affiches, l’exposition au Conseil Général d’Eure et Loir : « Carnet de guerre de Rob Roy »  attira les nombreux passionnés par l’histoire de 1939-1944, dont ceux désireux d’acquérir l’ouvrage édité en juillet 2010.

            Quelle excellente idée d’illustrer ces documents de gravures de ce dessinateur de grand talent qu’était Rob Roy ! Cette exposition du 16 novembre au 19 décembre 2012, dans le salon de Chartres, était au nombre de celles présentées dans toute la France.

            L’exposition chartraine était illustrée de gravures si expressives de la Guerre de 1939 à 1944, œuvres de Robert de la Rivière dit Rob Roy et présentée, quoi de mieux, par son fils Hubert.

            Quels excellents instants vécus dans ce salon du premier étage du Conseil général, à échanger des connaissances sur cette époque qui éprouva tant les pères respectifs d’Hubert de la Rivière et J.Paul Bourdiliau, l’auteur de ce site.

            Cette rencontre source d’échange sur cette époque troublée, fut ponctuée de coïncidences nombreuses :

            « Ainsi, bercés tous deux dans le milieu de la course automobile, des pères de même âge, partis en 1940 dans un régiment du train où ils furent fait prisonniers dans des conditions identiques. Transportés dans des wagons à bestiaux dans d’aussi infâmes conditions, ils débarquèrent, l’un et l’autre au bout de nombreux jours et nuits en Autriche au Stalag 17 B non loin de Vienne ! » 

 

            Hubert de la Rivière et Jean Paul Bourdiliau sont désireux, chacun à leur manière, de présenter le vécu de leurs pères aux générations actuelles et futures. Hubert par l’ouvrage « Carnet de guerre de Rob Roy » et Jean Paul par cette page Internet « La lettre oubliée »

 

 

                                                                                                                                 Réalisation décembre 2008

Complétée en novembre 2010

Jean Lemattre &

Robert de la Rivière Janvier 2013

  Avril 2021

Correspondance avec l’auteur du site : « les.bourdillaux_la lettre oubliée » : NOUS CONTACTER 

 

        Liens vers Rob Roy :    www.art-robroy.com et www.carnetdeguerrederobroy.com

 



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